C’est en feuilletant certains magazines de gastronomie que Sarah Vasseghi est arrivée au constat suivant : elle veut créer ses propres décors. Assiettes, broderies, fonds peints… La styliste culinaire a troqué une partie du shopping pour un atelier où l’argile et les pinceaux côtoient les fourneaux. Une démarche atypique dans un milieu où faire ce qu’on a vu ailleurs est souvent rassurant. Portrait d’une touche-à-tout qui transforme la table en atelier créatif.

Du stylisme culinaire, mais à sa manière
Dans un shooting culinaire classique, les assiettes sont choisies, les fonds sont commandés et les accessoires viennent compléter l’image. Pas chez Sarah Vasseghi. Styliste culinaire, certes, mais aussi céramiste, illustratrice et brodeuse, elle crée elle-même les éléments qui viendront mettre en scène la recette ou le produit. Un geste artisanal qui donne à ses compositions une touche très personnelle, loin des images standardisées. « J’aime composer une image dans son ensemble, pas seulement disposer joliment une assiette. Pour certains projets, j’ai fabriqué mes propres pièces en céramique, peint des fonds, brodé des motifs. Ça permet d’apporter une vraie personnalité », explique-t-elle.
Son approche séduit des marques en quête d’identité visuelle forte. Elle collabore avec imprononçable pour Palais des Thés qui apprécie ce soin du détail. « Elle a une patte immédiatement reconnaissable », souligne Guillaume Czerw, photographe et fondateur de l’agence.
Une enfance baignée de créativité
Si Sarah Vasseghi est aujourd’hui une créatrice à part entière, c’est peut-être parce qu’elle n’a jamais pu choisir une seule discipline. Née d’une mère irlandaise, elle grandit dans un univers où l’on joue autant avec les formes qu’avec les saveurs. « Ma mère nous préparait des gâteaux incroyables pour nos anniversaires. On choisissait la recette un mois à l’avance dans un livre australien plein de formes ludiques. Château fort, piano, Barbie plantée dans un gâteau bombé… C’était un vrai rituel ! ».
Très tôt, elle manipule la matière. Dessin, découpage, pâte à modeler, tout y passe. Plus tard, elle se forme au graphisme, travaille dans une boutique de loisirs créatifs et expérimente sans relâche. « Je voulais tout essayer. Travailler de mes mains, créer des choses uniques. Le stylisme culinaire est venu un peu par hasard, mais finalement, il rassemble tout ce que j’aime ».

L’artisanat comme antidote à la standardisation
Le déclic vient en observant les shootings de plus près. « Je voyais toujours les mêmes assiettes, les mêmes accessoires. À un moment, ça manque de personnalité. Je me suis dit : et si je les fabriquais moi-même ? » Ni une, ni deux, elle se lance dans la céramique, puis la peinture, puis la broderie. Un cheminement naturel qui enrichit sa pratique.
Désormais, chaque projet est l’occasion de créer un univers sur-mesure. Pour un livre de Christophe Adam, elle réalise tous les fonds en céramique. Pour Palais des Thés, elle intègre des éléments peints à la main, des céramiques qu’elle créées ou des origamis. Au-delà de l’esthétique, son travail est toujours narratif. « Je me lasse vite si je fais toujours la même chose. J’aime explorer, tester de nouvelles techniques. Ça donne une vraie identité aux visuels ».
Face à l’IA, la riposte du fait-main
Avec la montée en puissance des visuels générés par intelligence artificielle, certains photographes et stylistes s’inquiètent. Sarah, elle, observe. « J’ai testé par curiosité, mais ça ne me parle pas. Ce qui plaît aux clients, c’est ce qui ne peut pas être généré en un clic. L’IA ne remplacera pas la texture imparfaite d’une assiette en céramique façonnée à la main, ni la lumière qui joue sur une illustration à l’aquarelle ».
Si elle ne diabolise pas la technologie, elle mise sur ce qui la distingue : une approche organique, où chaque détail est pensé, fabriqué et intégré avec soin. « On voit tellement de contenus aujourd’hui que les marques ont du mal à garder une vraie ligne directrice. Nous, on apporte une vision globale et une exigence esthétique qui assurent une continuité ».
Son défi : toujours apprendre
Exploratrice dans l’âme, Sarah ne se repose jamais sur ses acquis. Son dernier projet en date ? Un stage de latte art. « On me demande de plus en plus de styliser des boissons comme les matchas. Alors j’apprends. C’est ce qui me plaît : aller toujours plus loin, enrichir ma palette ». Sarah met les mains dans la terre, la peinture ou la farine et prouve qu’il y a encore de la magie dans le fait-main.
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