Quand on part en reportage, on peut être tenté de rechercher sur Instagram les hashtags les plus populaires pour repérer l’endroit le plus photogénique pour poser le cadre.

En ce qui me concerne, je préfère intégrer le paysage, non pas comme simple décor, mais comme un élément structurant de l’histoire. Je commence toujours mes reportages par un paysage et je les boucle également par un paysage. Mais pour choisir le bon spot, je préfère l’interaction directe avec les personnes que je photographie. Leur espace favori, celui qu’elles choisissent de partager, offre une perspective personnelle, plus significative que le plus spectaculaire des paysages. Ce choix ne cherche pas la beauté à tout prix, mais la cohérence avec l’histoire personnelle du sujet, quelque chose de plus intimiste.

Pour arriver à cela, je suis prêt à sacrifier une image potentiellement remarquable au profit d’une relation authentique avec les personnes photographiées. Cette démarche favorise une ouverture et une confiance qui enrichissent le reportage bien au-delà de la simple esthétique. Les paysages, s’inscrivent alors dans l’histoire que les individus ont avec leur environnement, cela ajoute une dimension supplémentaire aux images.

La connaissance et l’intérêt pour le sujet sont essentiels. Un jeune photographe pourrait trouver cette approche étonnante, mais par exemple je n’ai jamais d’appareil photo avec moi lors des premiers instants, je laisse s’installer la relation. Entrer dans l’univers d’un chef étoilé et lui montrer qu’on s’intéresse à son métier, qu’on connait ses contraintes, son exigence peut transformer la dynamique de la séance photo, la rendre moins intrusive, plus facile.

Le dialogue avant et pendant le reportage est crucial. Il permet non seulement de dénicher des spots signifiants et inhabituels mais aussi de construire sa propre écriture photographique.

Guillaume Czerw

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